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La lettre du Vistemboire n°7: Les ruades d'Iris XVI

  • Photo du rédacteur: Alexandre Missoffe
    Alexandre Missoffe
  • 6 mars
  • 2 min de lecture



L'histoire que je choisis pour cette lettre est celle qui a servi de déclencheur au projet du Vistemboire. Elle s'était tant confondue avec "la boutique aux récits" que je m'étais astreint depuis quelques temps à ne plus l'évoquer car trop de gens me disaient "Ah, en fait c'est un magasin d'articles d'équitation ?.

 

Dans les années 1930, Iris XVI est une vaillante pouliche qui remporte toutes les grandes courses sur tous les grands hippodromes d'Europe. Puis, ayant atteint l'âge pivot et après avoir cotisé tous ses trimestres, Iris XVI s'installe à Saint-Cyr en cumul emploi-retraite où elle devient la monture de prestige pour les officiers supérieurs de cavalerie. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes équestres possible si la seconde guerre mondiale ne venait mettre un terme à cette vie. 

Le sort des armes, reconnaissons-le, fut favorable dans un premier temps à l'Allemagne et, le 12 juin 1940, les nazis prennent Saint-Cyr. Le général allemand envoie chercher Iris XVI pour s'offrir le plaisir de monter le cheval qui avait battu le sien à Baden-Baden en 36.

 

Iris XVI, qui n'est pas sans raison une jument de Saint-Cyr accueille le soldat de la Wehrmacht comme il se doit, c'est à dire à grands coups de sabot. Elle visa si bien et y mit tant de cœur que, d'une seule ruade en plein tête, elle le tua net. Les Allemands, qui sont parfois rancuniers mais qui sont surtout procéduriers, n'abattirent pas la jument patriote dans un élan de vengeance, mais la firent comparaître en cour martiale. Au terme d'un procès qu'on imagine tout de même assez expéditif, Iris XVI fut condamnée à être fusillée pour "acte de résistance".

Ce qui fait donc que le premier résistant martyre "en ses grades et qualités" était une résistante, était un cheval, était Iris XVI !

L'histoire est incroyable mais vraie (que je sois damné si jument) mais elle ne s'arrête pas là. Car Iris XVI, dans ses années de Saint-Cyr, avait été la monture attitrée du Capitaine Philippe de Hautecloque.... le futur général Leclerc.  Le 31 juillet 1944, Leclerc remet le pied sur le sol de France à la tête de la 2ème DB. Parmi les officiers qui l'accompagnent, se trouve Jean Fanneau de la Horie qui capturera von Choltitz, le commandant du Gross Paris. La jeep du colonel de La Horie fut malicieusement baptisée "Iris XVI", celui-ci ayant autrefois souvent monté en course la jument résistante.

Le 18 novembre 1944, quelque part dans l'épopée, entre Paris et Strasbourg, au lendemain de la prise de Baccarat, La Horie est mortellement touché tandis qu'il avançait sur Iris XVI.

 

Depuis, chaque année, en mars, se déroule sur l'hippodrome d'Auteuil, le prix "Colonel La Horie". Ainsi, après le cheval honoré par les cavaliers, c'est au tour du cavalier d'être honoré par les chevaux... 

Lors de l'édition 2024 du prix "Pas de quartier" et "Issu des planches" l'ont emporté sur "Journée de la Femme" tandis que "Gare au marin!" finissait bon dernier. Pour cette année, les paris sont ouverts, attention le jeu comporte des risques. 

 
 
 

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13 Passage des Panoramas,

75002 Paris, France

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